[1] - Frédéric-François Grand-duc De Mecklembourg-Schwerin Photo gravure sur bois Collection G. Schutz
Commentaire de Jean Claude JACOBY –
Historien de la guerre de 1870-1871 et auteur de
« La Guerre en Moselle De l’escarmouche de Sarrebruck à la capitulation de Metz »
Cette plaque récemment retrouvée est un rappel de son passage et un fort témoignage de l’histoire du village, de Courcelles-sur-Nied, période certes douloureuse dont il faut se souvenir avec le recul que seul le temps permet.
Tribut de guerre au vainqueur après la défaite française, la Moselle et l’Alsace furent annexées à l’Allemagne durant 48 années.
La France et l’Allemagne marchent désormais main dans la main pour la construction commune de l’Europe. Puisse cette plaque commémorative y contribuer tout en conservant le souvenir de ces temps anciens que l’on ne doit pas oublier.
Frédéric-François Grand-duc
De Mecklembourg-Schwerin
Collection G. Schutz
Frédéric-François de Mecklembourg est né le 28 février 1823 à Ludwigslust et mort le 15 avril 1883 à Schwerin, capitale du grand-duché de Mecklembourg-Schwerin. [2]
Fils du grand-duc Paul-Frédéric et de son épouse Alexandrine de Prusse, il est donc neveu du roi de Prusse et futur Kaiser allemand Guillaume 1er et porte le même prénom que son grand-père Friedrich-Franz, qui fut le premier grand-duc de Mecklembourg-Schwerin.
Frédéric-François voyage beaucoup. Il visite entre autres la Russie, l’Italie et l’Orient. Il a étudié le droit à Bonn, où il a terminé avec succès ses études à la « Landes-Universität Rostock ».
Il est âgé de 19 ans à la mort de son père en 1842. Il lui succède et devient grand-duc sous le nom de Friedrich-Franz II le 7 mars 1842. Il conservera ce titre après l’intégration du grand-duché de Mecklembourg dans le nouvel Empire allemand en janvier 1871, jusqu’à sa mort en 1883.
Peu de temps après son accession au trône, le 19 mars 1842, le grand-duc fut nommé chef du « Régiment d'Infanterie N°24 » par le roi de Prusse et en même temps élevé au grade de major général.
L’armée du grand-duché étant une des composantes de l’armée de la Confédération germanique (Deutscher Bund) créée en 1815 par le Congrès de Vienne. Le 12 mars 1854, Friedrich-Franz fut promu général de l’infanterie.
Quand en 1864 le roi de Prusse lui proposa le commandement d'un corps d’armée prussien lors de la guerre des duchés déclarée par la Prusse et l’Autriche au Danemark, il déclina.
La première raison de sa réserve était une menace potentielle pour la côte du Mecklembourg par le Danemark. Il n’y avait à ce moment aucune flotte maritime en mesure d’assurer sa protection.
D'autre part, Friedrich-Franz était un ami du roi du Danemark Christian IX, par ailleurs souverain des duchés objets du conflit, de Holstein, de Saxe-Lauenbourg et de Schleswig.
Ils avaient fait leurs études ensemble à Bonn. Cette seconde motivation incita sans doute le grand-duc à s’abstenir dans ce conflit. Par solidarité familiale et dynastique envers son oncle cependant, il accepta que le quartier général prussien s’installât dans le grand-duché.
En revanche, deux ans plus tard, pendant la guerre déclenchée en 1866 entre la Prusse et l’Autriche, les deux grandes rivales de la Confédération, il s'engagea activement du côté prussien. La victoire de Sadowa remportée par la Prusse et la paix qui s’ensuivit entrainèrent la dissolution de la Confédération germanique et la création de la Confédération de l’Allemagne du Nord de laquelle fut exclue l’Autriche. La convention de la nouvelle confédération prescrivait l’intégration des armées des états membres dans une armée unitaire placée sous le commandement du roi de Prusse, chef de guerre fédéral.
En mars 1870, Frédéric-François fit un voyage en Italie avec son épouse. Peu après son retour, à la suite de la candidature d’un prince Hohenzollern au trône d’Espagne, la guerre fut maladroitement déclarée par la France à la Prusse le 19 juillet 1870.
Le grand-duc fit dès lors partie du Grand État-major prussien et reçut le commandement des troupes mobiles des gouvernements généraux du littoral, pour protéger la côte allemande contre toute tentative française d’invasion maritime de son territoire par le Nord et contre une éventuelle assistance danoise à cette possible agression.
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[2] - Sources – Wikipédia - A partir des ouvrages en ligne de « l’AMERCAN LIBRARY ASSOCIATION- 1876 » La guerre de 1870/1871 du lieutenant-colonel Rousset et la participation de l’historien Jean Claude Jacoby.
Le Grand-duché de Mecklembourg-Schwerin
et l’Alsace-Lorraine dans le nouvel empire allemand
Source Wikipédia Bibliographic détail for file deutsches Reich 1871/1918
Le 30 juillet, il installa son quartier général à Uhlenhorst, près de Hambourg. Après s’être assuré que le littoral était suffisamment protégé puis rendu compte de l’inertie de la flotte française.[3]
Le Grand État-major prussien décida la création d’un XIIIème corps d’armée le 20 août composé de la 17ème division d’infanterie et de la 2ème division de Landwehr. Il en confia le commandement à Frédéric-François qui reçut aussitôt l’ordre de rejoindre en Lorraine la Ière Armée allemande commandée par le général von Steinmetz. Ce corps d’armée prendra définitivement le titre de XIII corps le 12 septembre 1870.
Le 25 août, après les trois batailles perdues devant Metz par les Français, le XIIIème
corps arrivait à Neunkirchen et à Hombourg, dans le Palatinat, avec mission de renforcer le blocus de Metz entrepris par
le prince Frédéric-Charles, son cousin chargé du commandement de l’armée d’investissement.
Le 29 août, Steinmetz dirigea ce nouveau corps vers Les Étangs. Dans la nuit du 31 août au 1er septembre,
le grand-duc informait le général de l’arrivée prochaine des têtes de colonnes de son corps d’armée sur la Nied française. Le prince Frédéric-Charles l’invita à presser le pas en raison de la situation devenue critique devant Metz par l’affaiblissement des effectifs conséquents de la marche du gros des unités allemandes dirigées vers la Meuse après la victoire de Saint-Privat le 18 août.
Dès le 12 août devant Courcelles-sur-Nied, une estafette conduite par le capitaine Von Buggenhagen,
du 3ème régiment de hussards (brigade Grüter) s’était frottée à de la cavalerie française qui se replia à l’approche des cavaliers prussiens. Le même jour, Steinmetz recevait l’ordre d’investir le lendemain la ligne Les Étangs-Pange et d’occuper la gare de Courcelles. Cette occupation avait été ordonnée par instruction écrite le12 à 04h. de l’après-midi
[4]
Sa Majesté ordonne ce qui suit :
La Ire armée se portera, demain 13 août, sur la Nied française – le gros sur les Etangs-Pange
et fera occuper la gare de Courcelles ; la cavalerie poussera des reconnaissances
sur Metz et franchira la Moselle en aval. La Ier armée couvrira ainsi la droite de la II.[5]
……..
Signé DE MOLTKE
Le 13, celle-ci était occupée par un bataillon de fusiliers du 53ème régiment d’infanterie.
Après la bataille de Borny le 14 août et le repli des troupes françaises sur la rive gauche de la Moselle, un corps de la Ière Armée cantonna aux environs de Courcelles avant d’être relevé par les troupes de Landwehr arrivées de Sarrelouis sous le commandement du général Von Kummer.
Le 20 août, Courcelles-sur-Nied fut constituée en importante tête d’étape de la Ière Armée allemande qui y installa ses réserves de vivres, protégées par des ouvrages de fortification. Une station de télégraphe y fut installée, reliée avec le grand quartier-général de Frédéric-Charles installé à Malancourt-la-Montagne puis au château de Corny.
Tout comme à Rémilly, autre grande base de réserve, les approvisionnements arrivaient dans les magasins de Courcelles par chemin de fer puis étaient expédiés vers chaque corps d’armée.
Un grand parc à bestiaux fut aménagé, bientôt diminué par la peste bovine qui obligea l’abattage de nombreuses têtes devenues impropres à la consommation.
Le 30 août, la 28ème division de cavalerie (comte von Goeben) s’installa à Courcelles, suivie par la 2ème division d’infanterie du général-major von Pritzelwitz. C’est à ce moment qu’arriva le grand-duc de Mecklembourg-Schwerin.
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[3] - La guerre franco-allemande 1871 rédigé par la section historique de Grand Etat-major Prussien – premier partie « Histoire de la guerre jusqu’à la chute de l’empire » - 4E livraison –page 117
[4] La guerre franco-allemande de 1870-1871 rédigé par la section historique de Grand Etat-major Prussien – premier partie « Histoire de la guerre jusqu’à la chute de l’empire » - 4E livraison – Marche de la IIIe armée sur la Moselle ; les évènements militaires jusqu’au soir du 14 août traduction par le capitaine E. COSTA DE SERDA. Page 426.
[5] - Page 429.
La résidence du grand-duc du 1er au 11 septembre 1870.
Cliché d’Eugen Jacobi photographe officiel de la cour impériale du Kaiser Guillaume II à Metz
Collection J.C. Jacoby, droits réservés
Frédéric-François s’installa dans le village et y demeura du 1er au 11 septembre 1870, comme en témoigne la plaque retrouvée en mars 2019. [6]
Celle-ci fut apposée durant l’Annexion sur la maison correspondante, attenante au château, côté rue de Metz.
Le 12 septembre, Friedrich-Franz commanda l’attaque de Toul et ordonna le bombardement de la petite forteresse. Convoqué par son oncle le roi Guillaume de Prusse, il remit ce commandement pour se rendre au quartier général du roi à Château-Thierry, afin d’y prendre de nouvelles instructions.
Le 16 septembre, il fut nommé gouverneur général de Reims. Le Gouvernement général de Reims comprenait tout le territoire occupé par les troupes allemandes à l’ouest du gouvernement provisoire d’Alsace-Lorraine.
Chef d’État-major général des armées allemandes, le général von Moltke lui assigna pour tâche de sécuriser le dos de la principale armée du prince héritier Frédéric-Guillaume, en marche vers Paris.
Pour cela, il prit également le commandement d'une nouvelle subdivision d'armée comprenant le 1er corps d’armée bavarois, deux divisions de cavalerie prussiennes et le XIIIème corps d’armée reconstitué. Sa subdivision vint couvrir le siège de Paris au sud et à l’ouest de la capitale, bloquant la route de Paris.
Le 7 novembre, il partagea le revers de la bataille de Coulmiers, seule grande bataille gagnée par les Français pour la défense d’Orléans. Réussite de courte durée cependant car le 5 décembre 1870, le grand-duc fit une entrée victorieuse dans Orléans. Ses unités participèrent encore avec succès aux combats du Mans les 11 et 12 janvier 1871 contre l’Armée de la Loire.
Le 18 janvier 1871 dans la galerie des glaces du château de Versailles, avant même l’armistice du 28 janvier 1871 qui mit fin aux combats, le roi de Prusse Guillaume 1er fut proclamé empereur allemand.
Autour du souverain, parmi les princes et dignitaires allemands, le grand-duc de Mecklembourg-Schwerin Frédéric-François II figurait en bonne place.
Friedrich Franz II a parrainé le premier hôpital pour enfants en Palestine, qui a été nommé en l'honneur de son épouse, l'Hôpital pour enfants Marie Marienstift, dans la Rue du Prophète N° 29 à Jérusalem.
Le Grand-Duc Friedrich Franz fut marié trois fois
Le 20 octobre 1849, il épouse Augusta Reuß à Schleiz-Köstritz et auront 6 enfants.la Grande-Duchesse Augusta décédée en 1862, des suites d’un mauvais accouchement de son dernier fils le le Duc Alexander, en 1859.
En 1864, il épouse la princesse Anna de Hesse-Darmstadt âgée de 21 ans, fille du prince Charles de Hesse-Darmstadt (1809-1877), mais celle-ci décède un an plus tard après la naissance de sa fille Anna.
Après une période de deuil de trois ans, le grand-duc marie à Rudolstadt Princesse Marie de Schwarzburg-Rudolstadt, Fille du prince Adolf von Schwarzburg-Rudolstadt (1801-1875.De ce mariage est né quatre enfants.
Dans le grand-duché, tout au long de son règne de plus de quarante ans, il lança de nombreuses réformes, notamment la réforme du système judiciaire, la transformation de la gendarmerie d'État, la réforme interne de l'église d'État et l'amélioration du système hospitalier du pays. L'expansion des routes de transport du pays fut continuellement poursuivie sous son règne.
En 1882, une route goudronnée de 1 500 km avait été créée et, sur plusieurs itinéraires, le Friedrich-Franz-Bahn assurait un service quotidien. Jusqu’à sa mort survenue 15 avril 1883, le grand-duc Frédéric-François demeura un prince populaire très apprécié par son peuple.
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[6] - La plaque commémorative apposée sur la résidence du grand-duc. Propriété privée
La résidence du grand-duc du 1er au 11 septembre 1870.
Photo d’Eugen JACOBI, photographe officiel de la cour impériale du Kaiser Guillaume II à Metz
Collection J.C. Jacoby, droits réservés
